L’aqueduc du Guindy
Enquête sur le pont de l’aqueduc dit du Guindy
Identification de ce site :
Un aqueduc, du latin « aquae ductus », est un système de transport d’eau par des canaux et des canalisations.
Ce pont qui enjambe la rivière du Guindy est situé sur les communes de Plouguiel et de Minihy-Tréguier. Il a été inscrit au titre des monuments historiques en 1931.
Il est composé de huit arches en arc en plein-cintre supportées par des piles massives pourvues, d’avant en arrière-bec de section triangulaire. Ces aménagements protègent ces piles d’une trop forte poussée de la rivière lors des crues.
Cet ouvrage est construit en moellons de schiste, de granit et de grès. Sa longueur est de 50 mètres, sa largeur, à la base de piliers est de 166 cm à 220 cm. Alors qu’au sommet, là où était posée la conduite d’eau, la largeur est de 110 cm . La hauteur maximale de l’ouvrage, à marée basse, sur le pilier central, n’excède pas les 15 mètres.

Au début du XXème siècle, le pont couvert de végétation, adossé à l’ancien moulin de l’évêque (Milin an eskob).
L’histoire de ce monument
Sa construction est décidée par l’évêque Adrien d’Amboise en 1610 et sa réalisation en 1623 est suivi par Guy Champion de Cicé qui lui succède. Nous sommes alors sous le règne de Louis XIII (1610-1643). « D’ailleurs, l’inscription de 1623, additionnée d’une croix sur la fontaine de Crewen confirme la date de sa bénédiction et donc vraisemblablement de l’entrée en fonction de l’aqueduc . » écrivait Yvon Le Vaou, le veilleur de mémoire plouguiellois, comme il aimait se qualifier dans « Trégor, Mémoire vivante ». Cette fontaine avait été recensée en 1972 par Nicole Chouteau dans le cadre d’un pré-inventaire de Plouguiel.
Les maîtres de la cité, qu’étaient les évêques de Tréguier, cherchent des solutions face au manque d’eau, les ressources sont insuffisantes. On compte alors quelques puits mais ils sont loin de couvrir en toute sécurité les besoins des habitants de la cité. On note d’ailleurs dans les archives plusieurs épisodes de choléra aux conséquences catastrophiques (A. Guillou, déjà cité et Pierre de La Haye dans son « Histoire de Tréguier, ville épiscopale. »).
Mais, même si l’évêché de Tréguier est riche, ce projet est onéreux, il va falloir organiser son financement. Les archives nous livrent que les revenus d’Octroi vont être ponctionnés. Ces taxes sur le commerce du vin, sur le droit d’ancrage dans le port et sur le droit de charger et de décharger des marchandises apportent de l’argent qui additionné à un prêt permettra à ce projet d’aboutir (d’après les mêmes auteurs).
Enquête réalisée par les élèves de CM1 et de CM2 de Madame Emilie Gosselin avec le concours de deux des membres du « collectif pour la mémoire plouguielloise », Messieurs Jean-Paul Pichouron et Pascal Offret.

Photo récente des piliers avec leurs becs protecteurs à marée basse.
La fonction de cet ouvrage :
Il permettait de franchir l’obstacle naturel qu’était la vallée du Guindy afin d’acheminer de l’eau douce captée à la fontaine de Crewen en Plouguiel jusqu’au bas de la place du Martray à Tréguier. Un plan réalisé en 1610 par Charles Symon décrit cet ensemble avec justesse (archives municipales de Tréguier).
Sur près de 2700 mètres cette eau passait quatre reposoirs construits en pierre de taille, équipés de portes fermées à clés. Leur fonction était de « relever » cette conduction jusqu’à « une fontaine monumentale… située au bas de la place » d’après A.Guillou dans son « Essai historique sur Tréguier par un Trécorrois. ».
La canalisation traversait la propriété du Bilo à ciel ouvert puis les rues de Tréguier par des conduits souterrains (fonte).
Rénové, réparé à plusieurs reprises (1760-1762), il cesse d’être utile à Tréguier au fur et à mesure que d’autres captages d’eau comme celui de Camlez sont mis en place. Il est aussi vrai que l’exploitation d’une carrière de pierre tout près de la fontaine avait singulièrement perturbée le volume d’eau capté !
Sa mission s’achève définitivement au milieu du XXème siècle.

Autour du pont, au XIXème siècle, les moulins à grains reprennent de l’activité avec le teillage du lin, plante textile qui se cultive très bien sous le climat trégorrois. Sur la gauche de l’image, le moulin de Kerousy avec ses imposantes meules de lin.


Au pied du pont existait un gué jusqu’au milieu du XXème siècle.

L’eau de Crewen, en Plouguiel, alimente une fontaine située sur la place de Martray à Tréguier. « Vers le de la place publique de Tréguier… »… »Cette fontaine… ». Devis de l’ingénieur Auffray de 1775.